Proclamation commune de la Pâque

Resurrection

Une proclamation œcuménique de la fête de Pâques a eu lieu à Liège,
le dimanche de Pâques, 20 avril à midi, place de la Cathédrale,
à l’initiative de la Concertation œcuménique de Liège

Initiative originale et rare, liée au fait que cette année, la fête de Pâques tombait le même jour pour les différentes Églises. C’était l’occasion de se réunir pour une célébration commune, symbole de l’unité recherchée, mais déjà en voie de réalisation sur le terrain.

La célébration a commencé par la sonnerie de midi aux cloches de la Cathédrale. Puis un message d’introduction a été lancé par le pasteur Vincent Tonnon, de l’Église protestante unie de Belgique.

L’évangile de Pâques a été lu par le diacre catholique Luc Mahiels. Une proclamation de la Pâques en différentes langues a été faite par le hiéromoine Guy Fontaine, prêtre de l’Église orthodoxe russe, du patriarcat œcuménique.

S’en sont suivis trois témoignages sur la fête de Pâques. Le sous-diacre Fikri Gabriel a présenté les différentes facettes de l’annonce de la Résurrection dans les évangiles, et a conclu par un message du patriarche syriaque Ignace Ephrem, en lien avec le drame de la Syrie.

Le père Nikolaos Palamianakis, prêtre de l’église orthodoxe de Liège, a présenté la fête de Pâques sous l’angle de l’orthodoxie grecque : il a conclu en montrant l’œuf de Pâques, peint en rouge, symbole de la victoire de la vie sur la mort.

Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, a présenté le projet Dream de la Communauté S. Egidio, pour la thérapie du SIDA au Mozambique, comme témoignage de résurrection, de lutte contre la résignation vis-à-vis de la maladie et de source de guérison pour beaucoup.

Pour conclure, un vibrant chant de l’Alléluia a été repris par la chorale et par la foule, après un intense Notre Père.

Un concert de carillon sur des airs de Pâques clôturait la célébration.

La prochaine célébration commune aura lieu en 2017 ! Rendez-vous est déjà pris !

La Concertation œcuménique de Liège

L’icône présente en haut de cet article vient du site www.looys.net

Le texte des interventions du sous-diacre Fikri Gabriel et du père Nikolaos Palamianakis se trouve sur le site du diocèse www.diocesedeliege.be.

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Voici le texte complet de l’intervention de Mgr Delville

Il vous précède en Galilée

Jésus vous précède en Galilée (Mt 28,7). Pour rencontrer Jésus ressuscité, il faut aller ailleurs, en Galilée, la Galilée des nations, comme l’appelle Matthieu, c’est-à-dire le lieu de la mixité culturelle, le lieu de différentes nations, le lieu de la vie concrète, le lieu où Jésus a vécu l’essentiel de sa mission, où il a rencontré les gens dans leur vie quotidienne. La Galilée, c’est le lieu des guérisons faites par Jésus et celui de ses premiers disciples, des pêcheurs de Galilée. Donc pour rencontrer Jésus ressuscité, il faut retourner dans la vie concrète, la vie de tous les jours, les rencontres de tous les jours. C’est là que vous le verrez, ajoute l’ange. « Voir » signifie voir en profondeur, voir en réalité ; c’est le « voir » de la vision, c’est le voir du prophète. Voir Jésus ressuscité, c’est donc le voir dans sa réalité profonde, c’est le voir comme une force d’amour, qui nous pousse au-delà de nos limites, dans nos lieux de vie, dans nos « Galilées » actuelles.

La Galilée aujourd’hui, c’est par exemple le Mozambique, en Afrique australe. Le pays a été marqué dans les années 1990 par une terrible épidémie de SIDA, qui a touché 30% de la population. Une communauté de chrétiens, très engagée sur place, la Communauté S. Egidio, a été choquée par ce drame et a voulu réagir. Elle a proposé qu’on applique la thérapie du SIDA au Mozambique comme on le fait en Europe avec la trithérapie. Cela a paru complètement utopique et irréalisable ; on disait qu’il fallait s’en tenir à la prévention, par l’usage du préservatif. Mais avec 30% de personnes atteintes, il était trop tard pour se limiter à la prévention.

Alors la Communauté S. Egidio a lancé son projet Dream pour appliquer la thérapie du SIDA avec les femmes enceintes, afin qu’elles soient soignées et qu’elles ne transmettent pas la maladie à leurs nouveau-nés. Ces femmes étaient souvent très affaiblies, elles ne pouvaient plus éduquer leurs enfants et elles mouraient jeunes. Le projet a commencé petitement car les femmes n’osaient pas se soumettre au test de dépistage. On craignait en outre qu’elles ne soient pas fidèles à la prise de médicaments, trois par jour. Après une première évaluation, on a constaté que 98% des femmes étaient fidèles à la médication, plus qu’en Europe ! Puis, après six mois, les femmes soignées se retrouvaient guéries, alors qu’elles étaient squelettiques au départ. Elles étaient remises debout et étaient pleines d’entrain. C’étaient de véritables résurrections ! Plusieurs de ces femmes ont voulu devenir activistes, pour accompagner celles qui commençaient la cure. Après quelques années, on dit maintenant que c’était la bonne solution et grâce à cette trithérapie, le SIDA recule en Afrique.

Pâques, c’est croire que le Christ vit en nous, qu’il est la source de l’amour en nous, et que l’amour réussit des choses apparemment impossibles. L’amour de Dieu ne se résigne pas à la mort et au mal. Devenons des prophètes de la Résurrection !

Christ est ressuscité !

Vraiment, il est ressuscité !

Alléluia !

+ Jean-Pierre Delville,
Évêque de Liège 

ArcelorMittal: lettre pastorale de la Concertation oecuménique

La situation sociale liégeoise a convaincu les responsables de la Concertation œcuménique de l’urgence de s’adresser à tous les chrétiens de notre région. Par une lettre pastorale (une première!), ils font le point et appellent les chrétiens à prier, à réfléchir et à agir.

Chers Frères et Sœurs,

Tous les chrétiens : catholiques, protestants, orthodoxes, syriaques et anglicans, vivent actuellement la période qui prépare à Noël. Noël, une fête que l’on imagine chaleureuse, en famille, autour de la table, avec les lumières du sapin et pour certains, la douceur de la crèche. Une fête qui, cette année, aura un goût amer pour 1.300 familles dans la région liégeoise, celles dont le père, le frère, le fils… travaillaient chez ArcelorMittal. Des familles, des hommes, des femmes, qui vont se trouver dans des difficultés qui ne seront pas que financières. Certains n’en ont pas supporté l’idée et ont mis fin à une vie qui leur paraissait insupportable. Ce sont là tous les éléments du drame humain qui est en train de se jouer et auquel nous ne pouvons rester indifférents.

L’Église du Christ, écrit le théologien orthodoxe père Serge Boulgakoff, l’Église du Christ n’est pas une institution; c’est une vie nouvelle avec le Christ et en Christ, dirigée par l’Esprit Saint. Et l’Église du Christ est vivante dans ce monde, elle se nourrit de l’Évangile et de son message de l’amour du prochain qui peut se traduire en charité mais aussi en solidarité. L’Église se doit ainsi d’être à côté de ceux qui sont dans la détresse. C’est pourquoi les représentants des Églises chrétiennes de la province de Liège (rassemblés en Concertation œcuménique) ont rencontré fin novembre des délégués syndicaux d’ArcelorMittal. Pour entendre leurs maigres espoirs mais surtout leurs craintes qui portent leur volonté de défendre les centaines de travailleurs qui risquent d’être sacrifiés au profit de quelques-uns. Le dommage social est d’abord un dommage humain : c’est le drame d’hommes et de femmes touchés dans ce qui leur est essentiel : se loger, se nourrir, pouvoir vivre dignement.

Mais l’enjeu dépasse cette situation de la sidérurgie dans le bassin liégeois : il est celui du droit des peuples à vivre dans des sociétés basées sur autre chose que sur l’intérêt des plus riches. La racine de tous les maux, en effet, c’est l’amour de l’argent (1Ti 6, 10), écrit l’apôtre Paul à Timothée ; et Jésus ajoute : Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent (Mt 6, 24).

Notre société veut délaisser Dieu, mais elle a fait de l’argent une nouvelle idole à laquelle on sacrifie des hommes, des femmes, sur l’autel du profit, aux hymnes de rentabilité, productivité, efficacité. Les multinationales préfèrent rémunérer leurs actionnaires plutôt qu’assurer le travail de leurs ouvriers ou le développement de la région où elles sont installées. On ne parle plus aujourd’hui de service du personnel, mais de ressources humaines. Comme il y a des ressources naturelles, des ressources énergétiques. Le processus de licenciement collectif est aujourd’hui un phénomène mondial.

On considère l’être humain comme un bien de consommation, écrit le pape François, on peut l’utiliser et ensuite le jeter. Nous avons mis en route une culture du « déchet », qui est même promue. Alors que les gains d’un petit nombre s’accroissent exponentiellement, ceux de la majorité se situent d’une façon toujours plus éloignée du bien-être de cette heureuse minorité. Ce déséquilibre procède d’idéologies qui défendent l’autonomie absolue des marchés et la spéculation financière. L’argent doit servir et non pas gouverner!

Dans l’évangile de saint Luc, le passage relatif à la naissance de Jésus nous dit, à propos de Lui et de ses parents (Lc 2, 7) : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. De même, aujourd’hui, il n’y a pas de place dans la société pour certaines catégories de personnes, spécialement celles qu’on prive de travail. Jésus a voulu naître solidaire de ceux qui sont privés de leurs biens. Cependant cette pauvreté de Jésus est aussi un signe. Comme le disent les anges aux bergers : Voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire (Lc 2, 12). Et ils ajoutent leur chant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre aux hommes qu’il aime. C’est un chant d’espérance, car grâce à la petitesse de Jésus, naît une nouvelle solidarité humaine, ainsi qu’une nouvelle proximité de Dieu.

Ce témoignage de Jésus souligne toute l’importance des valeurs humaines dans notre société, des valeurs de l’être humain en tant que personne et non en tant que main d’œuvre ou consommateur.

Que pouvons-nous faire ? Nous rappelant avant tout que l’Église c’est vous, c’est nous, chacun pour notre part et à la mesure de nos possibilités, nous pouvons prier pour tous ceux qui sont victimes de ces décisions purement financières et fondamentalement inhumaines. Parce que la prière est notre force. Nous pouvons aussi stimuler l’aide et l’écoute vis-à-vis des victimes des licenciements, peut-être par des initiatives concrètes que nous pourrions, en Concertation œcuménique, appuyer ou coordonner.

D’une manière plus large, avec l’aide de l’Esprit-Saint, nous devons laisser se convertir notre propre regard, celui que nous portons sur notre prochain mais aussi sur ce qui donne réellement sens et valeur à notre existence. Ce faisant, nous nous rendrons mieux aptes à nous (re)positionner vis-à-vis de nos propres comportements, qui parfois nous rendent complices de mécanismes vecteurs d’iniquités. Mais surtout, spirituellement éveillés, nous serons capables de rejoindre, dans une réelle et dynamique compassion, le désarroi et la souffrance de celles et ceux qui, totalement démunis face à l’injustice de leur sort, désespèrent de la vie.

Il nous paraît important que les communautés et paroisses prennent conscience de l’enjeu et des risques de cette situation à ArcelorMittal. C’est pourquoi nous avons rédigé cette lettre pastorale. Elle a été approuvée par les représentants de toutes les Églises chrétiennes de la Province de Liège unis, avec l’évêque de Liège, en Concertation œcuménique.

Que notre attitude porte témoignage de notre foi car le Seigneur lui–même a dit : Non, je ne te lâcherai pas, je ne t’abandonnerai pas ! (He 13, 5).

Mgr Jean-Pierre Delville, évêque catholique de Liège
Hiéromoine Guy Fontaine, Église orthodoxe russe, Président de la Concertation
Pasteur Vincent Tonnon, Église Protestante Unie de Belgique
Abbé François Dabin, catholique
Prêtre Nikolaos Palamianakis, Église orthodoxe grecque
Révérend Paul Yiend, Église anglicane
Hypodiacre Fikri Gabriel, Église syriaque

Trois membres de la Concertation ont participé à une émission de RCF-Liège, ce lundi 9 décembre: vous pouvez réécouter cette émission sur le site: http://www.rcf.fr/radio/RCFLiege/emission/181565/709533.

Les Nouvelles Œcuméniques font également mention de cette Lettre pastorale (page 4): vous pouvez télécharger ce document ici: Nouvelles œcuméniques – décembre 2013

ArcelorMittal: déclaration de la Concertation oecuménique de Liège

ArcelorMittalPresse

A l’issue de leur rencontre avec les syndicats sur le site d’ArcelorMittal à Tilleur, les représentants de la Concertation œcuménique de Liège ont publié le communiqué suivant:

Au-delà des clivages classiques : sociaux, religieux, philosophiques ou de nationalités, et parce que l’Église se doit d’être au côté des plus faibles, les représentants des Églises chrétiennes de la province de Liège (rassemblés en concertation œcuménique : catholique, protestante, orthodoxe) ont rencontré des délégués syndicaux d’ArcelorMittal ce 26 novembre 2013. Profondément troublés et inquiets devant une situation où les plus élémentaires aspirations à la dignité humaine sont bafouées, les représentants des Églises veulent manifester leur solidarité avec les centaines de travailleurs qui risquent d’être sacrifiés sur l’autel du profit de quelques-uns.

C’est un drame social qui est annoncé. Nous voulons donc marquer notre respect pour tous les acteurs qui œuvrent à la recherche d’une solution susceptible d’en limiter au maximum l’impact, et en particulier pour le travail des représentants syndicaux obligés de défendre les intérêts des travailleurs dans une situation où les pistes de négociations ouvertes sont très étroites, avec tout le poids émotionnel et les risques que cela comporte.

Dans nos communautés et nos paroisses, certains sont concernés directement par cette restructuration. Notre activité pastorale nous donne aussi la responsabilité citoyenne de dire notre inquiétude, plus encore, de manifester notre souci de voir nos édiles politiques et les responsables patronaux œuvrer à la mise en place d’un processus d’accompagnement crédible et réellement porteur d’espoir. Nous voulons dire aussi notre aspiration à voir nos représentants au Parlement européen lutter pour que l’Europe, par un sens de la solidarité et le refus d’un nivellement social par le bas, promeuve un idéal de valeurs telles que la dignité humaine et la promotion d’une plus grande justice sociale.

Car l’enjeu dépasse sans nul doute la situation de la sidérurgie dans le bassin liégeois : il est celui du droit des peuples à vivre dans des sociétés basées sur autre chose que sur l’intérêt des riches. Quant au dommage social, il est d’abord un dommage humain : c’est le drame d’hommes et de femmes touchés dans ce qui leur est essentiel : se loger, se nourrir, pouvoir vivre dignement.

Le processus actuel de licenciement collectif est un phénomène mondial. Le pape François l’a dénoncé ce 26 novembre en ces termes : On considère l’être humain comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route une culture du « déchet », qui est même promue. Alors que les gains d’un petit nombre s’accroissent exponentiellement, ceux de la majorité se situent d’une façon toujours plus éloignée du bien-être de cette heureuse minorité. Ce déséquilibre procède d’idéologies qui défendent l’autonomie absolue des marchés et la spéculation financière. L’argent doit servir et non pas gouverner!

Chacun, dans pareille situation, réagit selon ses moyens. Les nôtres sont d’interpeller, de stimuler et de prier. Nous demandons aux communautés chrétiennes liégeoises de porter dans la prière tous les participants aux négociations qui ont cours actuellement afin que le côté humain, le droit fondamental de la personne et de la société ne soient jamais oubliés ou sacrifiés, même s’ils doivent se décliner en primes de licenciement, en prépensions, ou en négociations concernant la dépollution des différents sites, les contreparties industrielles et les garanties en terme d’emploi durable ou de financement à des programmes de reconversion des travailleurs et des sites, etc.

Il nous paraît important que les communautés et paroisses prennent conscience de l’enjeu et des risques de la situation à ArcelorMittal. C’est pourquoi nous préparons une lettre pastorale qui sera proposée à la lecture dans toutes les paroisses de la Province.

En contact avec les délégations syndicales, nous resterons informés de l’évolution de la situation, et réagirons en fonction des événements. Nous ne pouvons ainsi que marquer notre plus grande inquiétude suite à la rupture des négociations intervenue ce mercredi 27 novembre.

Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège
Hiéromoine Guy Fontaine (orthodoxe), président de la Concertation œcuménique
Pasteur Vincent Tonnon (protestant)
Prêtre Nikolaos Palamianakis (orthodoxe)
Abbé François Dabin (catholique)
Fikri Gabriel, délégué syriaque de la Concertation, s’associe à cette déclaration.